Premier essai

La jeune fille semblait attendre quelque chose, ou quelqu’un. Pourtant, dans ce lieu reculé et baigné de calme, rien ne semblait pouvoir troubler la lente course du temps. Elle-même s’intégrait au paysage à la façon d’une statue vivante. La couleur de ses yeux reflétant la lumière du lieu, la douceur de sa peau embrassant le regard posé sur elle, le plaisir de l’attente imprimé dans son corps, et jusqu’au mouvement immobile de ses cheveux, tout en elle semblait avoir été sculpté par un impossible artiste. La scène avait quelque chose de surréaliste : une allégorie de la beauté, intangible, au-delà même de l’imagination. Un instant de perfection sur le fil, destiné à être rompu avant de perdre sa splendeur.

C’est alors que se fit sentir un imperceptible mouvement. Quelque chose se passe en dehors du cadre. Et la jeune fille le perçoit. Elle sait que son attente est sur le point de prendre fin. Elle le sent à l’infime frémissement parcourant son corps. Elle sait que le temps du mouvement approche et profite, encore, de ce moment de transition. Elle est calme et savoure ce frisson de vie qui la guide tout doucement hors de sa contemplation.

Le mouvement la trouve ainsi, immobile et bouillonnante. Il la cueille à l’instant précis où elle s’embrase, l’invitant d’un regard à pénétrer dans son monde intérieur. D’abord, leurs gestes sont lents. Ils cherchent à s’accorder l’un à l’autre. Tout doucement, l’étoffe soyeuse coule d’une épaule, découvre un nombril, et achève sa partition au sol, laissant ainsi aux corps la liberté de se rencontrer.

Une main se balade sur un sein, un frisson parcourt les deux dos à l’unisson tandis que les deux langues s’expriment sans un mot. Elles se comprennent toutes deux parfaitement. Elles se guident de mieux en mieux, d’halètements en gémissements. Elles se séparent alors pour mieux découvrir l’Autre. Elles explorent ces corps brûlants de désir, alimentent bouche à bouche le feu du plaisir. Leurs rythmes se répondent, un peu plus fort, un peu plus doux … Le temps n’a plus cours. Seule compte la fusion. De deux, devenir un. Un espace où seul règne le plaisir. Les corps s’emmêlent, les souffles se confondent, les sexes, enfin, se rencontrent. C’est une symphonie amoureuse. On ne distingue plus les instruments mais la musique est belle, sauvage et brûlante. Les gémissements s’amplifient et se répondent, toujours plus forts. Les corps se perdent l’un dans l’autre, toujours plus vibrants.

 

 

 

 

 

Jusqu’à l’extase. Soudain, un cri traverse les deux âmes. Il est chargé d’une jouissance infinie et d’un brusque retour à soi. Lentement, les frissons se séparent. Les corps restent enlacés, prolongent pour un temps la fusion des deux corps. Les caresses effleurent doucement les frontières de l’Autre, les langues se reposent, les lèvres se glissent doucement vers la séparation. Et dans cette chaleur sensuelle, chacun se glisse dans les rêves de l’autre et s’appartient de nouveau.

Ils savent tout deux qu’il existent désormais un lieu accessible à eux seuls, où il pourront, à volonté, jouir de cet amour qu’ils ont partagé.

 
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